• Artistes espagnols et avant garde

    LES ARTISTES ESPAGNOLS AU CŒUR DE L'AVANT-GARDE EUROPEENNE.

     

    Les principaux courants artistiques européens à l'âge industriel (1850-1939) 

     

    PROLOGUE :

                Les réalistes (Gustave Courbet) et les impressionnistes (Claude Monet, Auguste Renoir) sont les premiers artistes qui, au milieu du XIXème, décident de rompre avec les règles de l'art officiel héritées de la Renaissance et imposées par l'Académie des Beaux-Arts. En dépit d’un public au départ dubitatif et de critiques acerbes ou ironiques, au mépris des incompréhensions et des cabales, ils imposent un nouveau langage plastique et un renouvellement des sujets dans le cadre des premiers Salons des indépendants.

    Avec eux, commence l'histoire des avant-gardes européennes.

     

    I / L'AVANT-GARDE AU DEBUT DU XXè SIECLE : L'INVENTION DE NOUVEAUX LANGAGES ARTISTIQUES.

    1. Qu'appelle-t-on "avant-garde" ?

    Le terme, emprunté au vocabulaire militaire (à l'origine l'avant-garde est un détachement de sûreté précédant la troupe pour la renseigner et faciliter son déplacement) désigne tout groupe artistique, tout mouvement pictural novateur en rupture avec ce qui l'a précédé.

    La notion est utilisée dès les années 1880, notamment par le critique français Théodore Duret dans ses écrits sur les impressionnistes. Insurgée contre les conventions, la pesanteur des traditions héritées de la Renaissance, l'avant-garde aspire à changer aussi la société : beaucoup d'artistes s'engagent aussi dans le combat politique. En ce sens, elle est révolutionnaire.

     

    2. La succession des avant-gardes jusqu'au début de la Grande guerre.

    La France de la Belle Epoque est particulièrement fertile en courants d'avant-garde qui reprennent à leur compte le précieux héritage d'artistes comme Paul Cézanne ou Vincent Van Gogh. Ces différents courants, comme le groupe des Nabis autour de Paul Gauguin, les fauves (Henri Matisse, André Derain, etc..) ou encore les cubistes (Georges Braque, Juan Gris et Pablo Picasso), poursuivent les recherches plastiques entamées au siècle précédent : il s'agit alors de simplifier les formes, de rompre avec la perspective, de détourner l'utilisation traditionnelle de la couleur tout en puisant dans de nouvelles sources d'inspiration (arts extra-européens en particulier).

    L'Allemagne des années 1905-1914 n'est pas en reste. Ainsi, autour de deux groupes, Die Brücke (= le pont) à Dresde et Die Blaue Reiter (= le cavalier bleu) à Munich; les expressionnistes allemands mettent en avant la violence des couleurs et proposent un style à la fois sombre et flamboyant pour exprimer leur malaise face à la société industrielle.

    A cette époque, la naissance de nouveaux moyens de représenter la réalité (d'abord la photographie, ensuite le cinéma) persuadent les artistes d'avant-garde que la fonction de l'art n'est plus de représenter la réalité telle qu'elle nous apparaît mais plutôt de la ré-interpréter de façon subjective.

                Eclate alors la 1ère Guerre mondiale.

     

    II / LES AVANT-GARDES EUROPEENNES DANS L'ENTRE-DEUX-GUERRES.

    L'entre-deux-guerres est une période particulièrement riche en mouvements d'avant-garde. Le traumatisme de la 1ère Guerre mondiale, révélatrice de la faillite des valeurs occidentales, n'y est pas étranger. Il s'agit alors de "changer la vie", comme le proclamait Arthur Rimbaud tant sur le plan esthétique que politique. La révolution bolchevique a d'ailleurs eu un impact décisif sur bon nombre d'artistes de l'époque, qui se proclament alors communistes.

     

    1. Faire la révolution esthétique.

                C'est le credo du mouvement Dada fondé, pendant la guerre, en Suisse, par Tristan Tzara. Mêlant habilement dérision et subversion, les artistes dadaïstes s'amusent à pervertir la conception même d'art. Ainsi, Marcel Duchamp fait d'un urinoir ou d'un porte-bouteilles une œuvre d'art.

                En Italie, les futuristes, sous l'impulsion du poète Marinetti, tentent de rendre compte de la beauté du mouvement et de la vitesse. Ils célèbrent la puissance de la machine moderne : Marinetti ne proclame-t-il pas qu'une "automobile rugissante, qui a l'air de courir sur de la mitraille" est plus belle que la Victoire de Samothrace ?

                Plus tard, le surréalisme (né en France en 1924 avec la publication du Manifeste du surréalisme d'André Breton) cultive le même esprit de révolution dans tous les domaines de la création artistique. Cherchant à dépasser la provocation dadaïste, les surréalistes placent au centre de leur recherche plastique l'abandon de tout rationalisme, puisent dans les rêves et l'inconscient la source de leur travail et donnent ainsi naissance à l'écriture et à la peinture automatique. Il s'agit de tout écrire, de tout peindre sans frein rationnel ou moral. Ainsi, André Masson, Yves Tanguy mais aussi Max Ernst, René Magritte ou Giorgo de Chirico explorent des mondes oniriques et renouvellent, de manière renversante et irréversible, le vocabulaire plastique d'un siècle débutant.

                Certains artistes espagnols tels que Salvador Dali ou en encore Juan Miro contribuent à leur manière à la diversité et la densité du mouvement surréaliste. Le même Dali prolonge l'expérience surréaliste au cinéma où, accompagné du réalisateur Luis Bunuel, il propose deux ovnis cinématographiques : Un chien andalou en 1929 et l'Age d'or, l'année suivante.

     

    2. Rompre avec l'art figuratif.

    En même temps qu'il déconstruit la réalité (cubisme), qu'il donne aux objets courants un statut d'œuvre d'art (dadaïsme), qu'il proclame la beauté de la vitesse et de la machine (futurisme italien) et fait du rêve et de l'inconscient les moteurs de la création artistique (surréalisme), l'art européen franchit un pas supplémentaire avec l'abstraction. En effet, certains artistes rompent définitivement avec l'art figuratif dès les années 1910 et prolongent leurs recherches après la guerre.

    Ils sont russes ( Vassily Kandinski, Kasimir Malevitch), hollandais (Piet Mondrian), suisses (Paul Klee) ou français (Robert Delaunay). Ils ont tous en commun de s'affranchir de l'espace et de n'utiliser que des formes géométriques pour rendre compte de leurs impressions intérieures.

     

    EPILOGUE :

                L'histoire de l'avant-garde se poursuit après la 2nde Guerre mondiale. Mais l'exil de nombreux artistes européens en Amérique du Nord entraîne une multiplication des centres de création artistique hors de la vieille Europe. Les artistes américains (de l'expressionnisme abstrait de Jackson Pollock au Pop Art d'Andy Warhol) posent les fondements de l'art contemporain. L'exploration de nouveaux univers plastiques se poursuit encore.

     

     


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